Le métier de Torcedor
Les amateurs de cigares le savent, s’il n’y a pas de bon Torcedor, il n’y a pas de bon cigare. En effet, les deux vont de pair. Il faut une certaine dextérité pour rouler un cigare, chose qui s’apprend avec le temps et des gestes soignés. Fabriquer un cigare est un art à part entière, une passion réelle pour un travail ancestral. Un bon Torcedor ou une bonne Torcedora sauront faire révéler tout le goût des feuilles de tabac.
Qu’est-ce qu’un Torcedor ?
Si l’on vous dit qu’il s’agit des personnes qui fabriquent et roulent les cigares à la main, cela perd presque tout son charme. Una Torcedora ou un Torcedor est plus qu’un métier, c’est une vocation, à la limite d’une religion.
Dotés d’un savoir-faire souvent transmis de génération en génération, les Torcedores façonnent le cigare de leurs propres mains. C’est grâce à leur travail rigoureux que tous ses arômes s’exulteront sous votre palais.
Alors certes, la qualité des feuilles de tabac, ainsi que le roulage de la sous-cape et de la cape joueront un rôle prépondérant dans le cigare. Mais sans les connaissances du Torcedor, ceux-ci pourraient être insignifiants.
Pourquoi les Torcedores sont-ils si importants ?
Ces « rouleurs » sont généralement des personnes expérimentées et qui connaissent tout sur la feuille de tabac, comme sur le cigare. Les meilleurs Torcedores proviennent de Cuba, berceau du cigare. Ils ont acquis un savoir-faire traditionnel très envié des autres pays fabricants.
Ces torcedores savent parfaitement lorsque la feuille est bonne à être ramassée, lorsqu’elle est suffisamment sèche, ils savent comment plier la tripe, quelle feuille privilégier pour la sous-cape et laquelle garder pour la cape. Ils savent aussi rouler le cigare grâce à leurs dix doigts, d’une perfection inégalable. Leurs connaissances dépassent largement celle des « nouveaux arrivants dans le métier » et ainsi, constituent une véritable mine d’informations et d’expériences à transmettre.
Comment travaillent-ils ?
Il existe des cigares roulés à la machine, sans l’intervention d’une main humaine. Ils n’ont clairement rien à voir avec ceux roulés par un Torcedor. Ces derniers travaillent avec des outils très rudimentaires et ancestraux.
En effet, ils n’ont besoin que d’une planche en bois (généralement du cèdre), une guillotine, une espèce de lame en forme de demi-cercle appelée Chaveta. Enfin, ils utiliseront aussi de la colle végétale et un moule à calibrer appelé un Cepo. Le Torcedor va réaliser sept étapes majeures avant de donner naissance à un cigare. Les voici en détail :
- L’écôtage : cette étape consiste à préparer la feuille. Après la récolte, une fois que les feuilles de tabac sont séchées et fermentées, les Toredores vont enlever la nervure centrale de chaque feuille. Ceci est un travail minutieux au début qui relèvera d’un automatisme au fil des années
- Le roulage : c’est une étape qui demande un grand savoir-faire. En effet, généralement, seuls les Torcedores ayant 5 ans d’expérience peuvent rouler les vitoles. C’est pour cette raison que seuls les plus âgés sont autorisés à rouler les fameux Habanos. Le roulage de la tripe est extrêmement précis, si les feuilles sont trop roulées, les saveurs seront étouffées, si elles sont trop lâches, trop d’air passera. Un savant assemblage secret permet d’obtenir des arômes parfaits entre le ligero (la puissance), le seco (l’aromatique) et le volado (la combustion). Il faut donc une connaissance pointue des arômes et des feuilles pour sublimer un cigare
- Le façonnage de la « poupée » : le résultat une fois la tripe et la sous-cape roulées, s’appelle la « poupée ». Elle va être placée dans un moule en bois pour la finition. Il conviendra alors de couper les feuilles qui dépassent de part et d’autre, puis de presser le moule pendant 30 minutes pour obtenir la forme du cigare désirée. Les plus aguerris sautent cette étape, car leur roulage est tellement précis que le cigare est déjà formé par la simple pression de leurs mains
- La pose de la cape : là encore, le savoir-faire est de mise, car il faut une grande dextérité. Étirée, la feuille de tabac sera enroulée autour de la poupée, le côté lisse vers l’extérieur. Cela demande beaucoup de patience, car la structure du cigare doit être parfaitement homogène et linéaire
- La découpe de la tête : le Torcedor devra alors couper la tête du cigare à l’aide d’un emporte-pièce. Il va couper une partie de la cape et venir appliquer de la colle végétale sur la tête pour la finition. L’autre côté du cigare sera quant à lui coupé à la guillotine, en fonction de la longueur que le Torcedor désirera lui conférer.
- Vérification : cette phase est aussi très importante pour la qualité d’un cigare. C’est à ce moment que les dimensions vont être vérifiées, la structure inspectée et la forme certifiée.
- Le tri et la mise en boîte : les cigares seront ensuite triés par couleur de cape, avant de recevoir manuellement leur bague. Dans la même boîte, tous les cigares doivent avoir la même teinte, la même forme et doivent également être parfaitement alignés
Quel est le rendement moyen d’un Torcedor ?
Il est très difficile de répondre à cette question, car cela va dépendre de son expérience, de sa rapidité d’exécution et de son savoir-faire. En moyenne, un Torcedor expérimenté peut rouler entre 90 et 120 cigares par jour. Certains en feront plus, d’autres moins.
Il est bon de savoir que son travail est rigoureusement surveillé par des personnes spécialisées et sa marge d’erreur et très faible. En effet, elle ne peut être supérieure à 4%. Dans le cas contraire, une retenue sur salaire lui sera imputée…
Cela peut sembler sévère, mais la réputation d’un savoir-faire ancestral se joue entre les mains d’un Torcedor. Il se doit de fournir un résultat au niveau des attentes de la maison, mais aussi des clients.
La concurrence étant dure dans ce milieu, l’erreur peut rapidement être fatale.