La fabrication des cigares cubains

15 juillet, 2019

Fabriquer un bon cigare requiert du bon tabac, mais aussi un savoir-faire incontournable. De nombreux secrets entourent la confection des meilleurs cigares cubains. En voici quelques-uns.

 

La culture du tabac, tout un art

C’est à Viñales Pinar del Río que pousse le meilleur tabac de Cuba. Il est cultivé en plein air et chaque feuille a sa propre destination dans la confection des volutes. Les feuilles sont cueillies à la main. Celles du sommet (ligero) sont mélangées avec les feuilles plus basses (seco) et à celles du pied (volado) pour devenir la tripe. Les feuilles du milieu (capote) serviront de sous-cape.

Une fois le pied à maturité, le bourgeon est coupé. Ainsi, la production des grandes feuilles est favorisée, car ce sont elles qui seront utilisées pour les tiges. Les feuilles de corojo vont être protégées pour devenir l’enveloppe extérieure du cigare. Seules les plus belles seront sélectionnées par les cueilleurs. Elles sont d’ailleurs protégées par un grand voile blanc, qui, vu d’en haut, impressionne toujours.

 

La récolte

Les structures des plants de tabac sont sensiblement similaires à ceux des champs de maïs ou des cultures de tomates. Les plants de tabac sont plantés en lignes et espacés de quelques mètres seulement les uns des autres. 8 à 9 paires de feuilles sont classées en fonction de la hauteur de la pousse, mais aussi de par leur couleur. Les ouvriers cueillent séparément chaque niveau tous les 6 jours. Les feuilles sont cueillies au ras du tronc et seules les feuilles brillantes au toucher soyeux et aux nervures apparentes seront sélectionnées par les mains expertes.

Les feuilles de tabac fraîchement cueillies vont ensuite être transformées dans la casa de tobacco, juste à côté des plantations. Elles vont être dépourvues d’eau, pour laisser tous leurs arômes s’exprimer. Elles seront alors suspendues durant des semaines entières, dans une atmosphère humide. Elles vont se vider de leur eau, mais sans pourrir ni devenir cassantes. Le taux d’humidité est constamment surveillé et maîtrisé. À chaque cueillette, la précédente est montée d’un rang, jusqu’à atteindre le plafond. C’est à ce moment qu’elles sont prêtes à être vendues, au bout de 50 jours environ.

Le séchage et la fermentation

Voici une étape capitale pour le développement des saveurs et des arômes si particuliers, délivrés par les feuilles de tabac cubains. La fermentation est incontournable et un rituel bien précis doit être suivi à la lettre. Pour cela, les capes doivent être aspergées d’eau. De leur côté, les tripes et les sous-capes sont aspergées d’eau et d'un mélange de tiges de tabac.

Les feuilles sont ensuite empilées et vont fermenter sur une durée de 60 jours. Après ce laps de temps, elles seront chargées dans des camions pour partir dans les fabriques. Une fois arrivées à bon port, les écôteuses trieront les feuilles. Elles procèderont à la « dénervure » à la main, à même leurs cuisses, avant de les classer.

 

L’assemblage du cigare

Vous l’aurez sûrement remarqué, mais fabriquer un cigare demande des gestes précis, de la culture du tabac, au roulage de la tige. Les procédés manuels offrent de meilleurs résultats que les procédés mécaniques. C’est dans la barartra que les feuilles seront battues pour choisir les meilleures associations. Mais attention, les feuilles de tabac ne sont pas utilisées immédiatement. En effet, les cigariers vont rouler les cigares, des mois, voire des années après la cueillette. Cela permet aux feuilles de tabac d’arriver à maturation et de délivrer tous leurs arômes de façon optimale. Les rouleurs maîtrisent le poids, la taille et les associations nécessaires pour chaque type de cigare.

Les meilleurs cigariers fabriquent une centaine de tiges par jour. Leur rémunération est basée sur le nombre de cigares roulés. Après roulage, les tiges sont fagotées par 50 et entreposées dans une armoire en cèdre durant plusieurs semaines.

Avant la vente des cigares, des goûteurs en testent quelques-uns pour s’assurer que les arômes sont bel et bien équilibrés. Les cigares sont ensuite triés par couleurs pour faciliter la mise en boîte. Cette dernière sera réalisée en classant les tiges de la plus sombre à la plus claire. Les cigares seront alors prêts à être expédiés dans les points de vente ou à l’étranger, avant d’atterrir dans les mains des aficionados.